Essai IPERGAY- Intervention préventive de l'exposition aux risques du VIH avec et pour les gays
Essai IPERGAY- Intervention préventive de l'exposition aux risques du VIH avec et pour les gays
Vendredi 29 Juillet 2011

Après la conférence sur le sida de Juillet 2011, l’essai Anrs IPERGAY est-il toujours d’actualité ?



Questions au Pr Jean Michel Molina, responsable de l’essai Anrs IPERGAY.



Qu'a apporté la conférence sur le sida à Rome sur la prévention pré-exposition ?

Cette conférence a confirmé l'intérêt des stratégies de traitement pré-exposition en prévention de l'infection par le VIH. Les essais qui nous ont été présentés visaient à réduire le risque d’infection de personnes hétérosexuelles séronégatives et vivant en couple avec un partenaire séropositif, en Afrique Sub-saharienne.
Les résultats sont très encourageants car ils montrent qu’un traitement préventif à base d’antirétroviraux (la Prep) pris tous les jours peut réduire le risque d’être infecté de 63 à 78% selon les études. Ils sont importants car un autre essai, FEM-prep, réalisé antérieurement chez des femmes hétérosexuelles en Afrique, n'avait pas démontré le bénéfice de la Prep. Il faut maintenant analyser plus avant les résultats de toutes ces études pour en comprendre les différences et essayer de préciser qui pourrait au mieux bénéficier de la Prep dans les populations hétérosexuelles exposées au VIH et vivant en Afrique Sub-saharienne.

Ces données remettent elles en cause l’essai Anrs IPERGAY ?

Ces résultats confortent la nécessité de poursuivre la recherche sur la Prep, en particulier dans d’autres groupes exposés au VIH, comme les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH). La preuve de l'efficacité de la prep pour les HSH Nord européens manque toujours en effet à ce jour.
Il parait également important d’étudier d’autres schémas de traitement préventif, comme les traitements intermittents (pris au moment des rapports sexuels) car les schémas étudiés jusqu'à présent utilisaient une Prep en continu (1 comprimé tous les jours). Les traitements continus ne paraissent pas réalistes, aussi bien en termes de suivi du traitement (l’observance) qu’en termes de coûts financiers. C’est pourquoi l’Anrs va lancer à l’automne prochain l’essai IPERGAY qui proposera à des volontaires HSH vivant en France une stratégie intermittente de traitement préventif.

La conférence de Rome n’incite-t-elle pas à abandonner le groupe « placebo » ?

Le seul essai Prep réalisé chez les HSH (l’essai iPrex) n’a montré qu’une protection partielle de l’ordre de 44% dans le groupe de volontaires prenant la Prep en continu. Si ce chiffre nous parait, à nous chercheurs, très positif, il reste que la protection assurée est insuffisante pour les personnes et ne nous autorise pas, éthiquement et scientifiquement, à proposer la Prep à l’ensemble des volontaires dans notre essai, D’ailleurs, les agences sanitaires, française et européenne, n’envisagent pas, avec les données scientifiques récentes, que la Prep puisse faire l'objet d'une prescription et d'un remboursement.

Le placebo évite que les participants, se croyant, à tort, protégés par le médicament, n’augmentent leurs prises de risques De surcroit, l’essai Anrs IPERGAY va être mené en Europe : on ne sait pas si la Prep présentera un bénéfice dans un contexte où le traitement post-exposition (TPE) est accessible. Un essai avec « placebo » reste donc encore aujourd’hui le seul moyen de démontrer scientifiquement si la PreP intermittente est efficace ou non en prévention chez les gays vivant dans les pays du Nord. (Lire les FAQ sur le placebo ici)

Pouvez vous résumer ce que sera l'essai, à qui s'adresse-t-il ?

L'essai Anrs IPERGAY s'adressera à des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ayant eu dans les 6 derniers mois des rapports sexuels anaux non protégés avec au moins deux partenaires différents. Les personnes volontaires (au moins 300 environ dans un premier temps) entreront dans un protocole de recherche où leur sera proposée une prise en charge globale de leur prévention : ils seront invités à des visites avec un médecin tous les deux mois, et s’ils le souhaitent seront accompagnés tout au long de l’essai par un référent communautaire qui les informera individuellement sur la façon de réduire leur risque de contamination, sur les modes de transmission du VIH., la réduction des risques, etc. On leur proposera un dépistage régulier des infections sexuellement transmissibles et leur traitement (y compris du VIH, en cas de contamination pendant l’essai), ainsi que d’être vaccinés contre les hépatites A et B, de plus, des préservatifs et des doses de gel seront mis à disposition, le tout gratuitement.

Le traitement post-exposition sera expliqué ainsi que le schéma de l’essai : les participants recevront par tirage au sort soit les comprimés de Truvada° (association de deux médicaments anti-VIH) soit des comprimés placebo (de même taille que le Truvada mais ne contenant pas les principes actifs du médicament) : ces comprimés seront à prendre avant et après les rapports sexuels. Ni les volontaires engagés dans l’essai ni les médecins ne sauront quel type de comprimé est administré. Ce point est, je le rappelle, important car si la personne engagée dans l’essai ignore ce qu’elle prend, elle ne se croit pas plus particulièrement protégée contre le risque d’infection par le VIH….

La participation à l’essai sera d’environ deux ans. Un comité indépendant est chargé de la surveiller et aura accès aux données. Il veille notamment à l’utilité ou pas de mener l’étude à son terme. Ainsi s’il observait en cours d’étude que la Prep réduit le nombre de contaminations par le VIH, l'essai serait interrompu et tous les participants recevraient alors pendant un an au moins, un traitement intermittent par Truvada, à prendre au moment des rapports sexuels.

Où en est l'ANRS des différentes démarches d'autorisation ? L'essai est-il prêt à démarrer ?

L'essai IPERGAY est en cours d'évaluation au comité d'éthique et à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, l’agence chargée de la sécurité des personnes se prêtant à une recherche biomédicale. C’est une obligation légale qui garantit que l’essai est éthique. Nous attendons leur feu vert. Notre objectif est que les premiers volontaires intègrent l’essai début novembre 2011. Nous saurons probablement mi-septembre si notre dossier est accepté ou s’il faut y apporter des modifications. Nous vous tiendrons au courant bien évidemment et vous donnons rendez-vous à la rentrée pour un point d’actualité !

Où en êtes-vous de la communication sur l’essai ?

Nous avons choisi de tenir informée la communauté HSH sur l’avancement de l’essai par ces interviews régulières (la dernière remonte à début juillet). Le site web www.ipergay.com est maintenant terminé et rassemble un nombre d’informations très complètes sur le projet. Je vous invite à le consulter ! Et puis pendant l’été, l’équipe de l’essai a choisi de venir à votre rencontre ! Des militants de AIDES, dans leurs tournées des plages pour informer les gays sur la prévention et le dépistage, distribueront 3 000 exemplaires du Journal d’IPERGAY numéro de Juin, et répondront à vos questions.



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